Semaine du goût : le développement du goût chez les enfants
Dans cet article, nous allons aborder la perception et le développement du goût chez l’enfant depuis la période prénatale, après l’accouchement et tout au long de la petite enfance jusqu’à la maîtrise complète de ses capacités sensorielles.
Dès la 7e semaine de grossesse, le fœtus perçoit les saveurs. À partir de la 13e semaine, les cellules qui détectent les saveurs commencent à fonctionner. Vers le 6e mois, le fœtus commence à avaler et à inhaler une forte concentration de liquide amniotique.
Grâce aux techniques d’imagerie médicale, il est possible d’identifier les préférences du fœtus en matière de goût. S’il avale vite, on peut déduire qu’il aime le goût, si le liquide amniotique a une saveur sucrée dû à la consommation de glucose par la mère.
Lorsque le fœtus avale le liquide amniotique, il commence à ressentir les sensations provoquées conjointement par l’odeur et le goût : la flaveur. Tout ce que consomme la mère caractérise la flaveur du liquide amniotique. Le fœtus s’habitue donc au régime alimentaire de sa mère.
À la naissance du bébé, il est déjà familier avec les saveurs qui feront partie de son alimentation. Si la mère a consommé un aliment en particulier pendant son dernier mois de grossesse, il y a de fortes chances que le bébé manifeste une préférence pour cet aliment.
Après sa venue au monde, le nourrisson continue toujours à s’adapter aux saveurs de l’alimentation de sa mère par le lait maternel. C’est pourquoi les bébés allaités au sein acceptent plus facilement de consommer des aliments différents que ceux nourris au biberon. Si le bébé exprime une préférence durant l’allaitement, elle sera maintenue jusqu’à l’âge adulte.
Des préférences pour certains goûts
Dès qu’il vient au monde, le nourrisson montre ses préférences pour certaines saveurs. Normalement, le goût sucré est la saveur qu’il préfère. D’ailleurs, ses gestuelles parlent d’elles-mêmes : il sourit, se lèche les lèvres et effectue des mouvements de succion. Le sucré lui fait ressentir un sentiment de bien-être, ce qui est essentiel pendant les premières semaines suivant la naissance.
L’amer est le goût qui suscite le plus le sentiment de dégoût chez le nourrisson. À l’opposé, le goût salé entraîne très peu de réactions ; la préférence pour l’eau salée se manifeste à partir de 4 mois. Quant aux goûts acides et umamis, les réactions sont mi-figue mi-raisin.
En ce qui concerne le gras, les nourrissons apprécient généralement son goût. Les bébés consomment beaucoup plus de lait si le taux de gras est plus élevé.
Le bébé consomme avec plaisir le lait maternel, car il apprécie ce mélange de sucré et de gras. En outre, sa teneur calorique est grandement bénéfique pour sa croissance.
Comment se développe le goût chez l’enfant ?
Le goût se développe au fil des années, c’est pourquoi on constate un changement de préférences chez l’enfant.
La distinction entre les saveurs se fait à l’aide de différentes papilles se trouvant sur la langue, dans la bouche et dans la gorge. Lorsqu’il arrive au monde, le nouveau-né possède plus de papilles gustatives qu’un adulte. Par conséquent, il détecte plus rapidement les saveurs.
Au cours de la première année, le bébé est plus exposé au goût sucré lorsqu’il consomme le lait maternel. Chaque fois que l’on inclut des aliments complémentaires à sa diète, il développe de nouveaux goûts alimentaires, comme la saveur acide. Le salé sera introduit dans la deuxième année de vie ; durant cette période, il mange comme le reste de la famille. C’est bien vers 2 ans que les tout-petits développent une préférence pour le goût salé. Pendant la petite enfance, il n’est pas très exposé aux goûts amers et umamis. Pourtant, l’exposition à ces saveurs s’avère nécessaire pour qu’il se familiarise tôt, et ce, jusqu’à l’âge adulte.
Une évolution progressive de ses préférences est constatée dans les 2 premières années de vie. Les préférences alimentaires sont influencées par :
- La génétique ;
- L’environnement dans lequel il grandit ;
- Le contexte dans lequel l’enfant découvre les aliments.
Pendant 1 an et demi environ, l’enfant accepte plutôt facilement de goûter tous les aliments qu’on lui donne. Lorsque le repas est bien préparé et l’enfant éprouve le plaisir de le manger, l’acceptation devient automatique.
Qu’en est-il de la néophobie alimentaire ?
La néophobie alimentaire ou le refus de goûter à certains aliments apparait entre l’âge de 2 et 10 ans et touche environ 3 enfants sur 4.
En effet, l’enfant peut être réticent quand il découvre une texture nouvelle, une couleur inhabituelle ou encore un goût surprenant.
Des études prouvent que si une partie d’un tout change, cette partie devient nouvelle pour lui. Parallèlement, si vous ajoutez un ingrédient supplémentaire sur sa purée, par exemple, il pense que vous lui donnez autre chose. Pour dissiper cette méfiance, il faut lui parler, l’expliquer ce que contient son assiette en l’impliquant dans la cuisine. Il se familiarisera alors avec l’aliment même s’il est présenté sous une autre forme.
De façon générale, la néophobie diminue progressivement à partir de l’âge de 8 ans. Quelques astuces pratiques peuvent vous aider à faciliter le développement du goût.
Quelques conseils et astuces pour stimuler le développement du goût chez l’enfant
Découvrez quelques-uns de nos conseils pour familiariser vos chers enfants avec de nouvelles saveurs. Des consels que nous appliquons au quotidien lorsque nous avons le plaisir de garder vos enfants à domicile :).
Ne pas s’arrêter au premier rejet
Il est nécessaire de proposer à plusieurs reprises un nouvel aliment pour que l’enfant ait envie de le consommer — même s’il peut avoir besoin de voir l’aliment 10 ou 20 fois avant de vouloir le goûter.
Ainsi, il faut l’encourager à goûter, sans le forcer. Pensez aussi à le féliciter lorsqu’il prend l’initiative de le goûter.
Ne pas le forcer à terminer son assiette
Il faut lui laisser le temps d’écouter son appétit ! Demandez-lui s’il est sûr d’avoir assez mangé lorsque vous enlevez son assiette. S’il a terminé, vous pouvez continuer avec la suite du repas ; offrez-lui un dessert avec des valeurs nutritives : un fruit, du yogourt…
C’est le parent qui choisit le menu (et non l’inverse)
Vous pouvez toutefois le proposer de choisir parmi quelques variétés de plats de temps à autre. Mais c’est à vous de trancher le reste du temps. Attention, ne préparez pas un autre repas en réserve s’il refuse de manger ! Il risque de ne jamais essayer de goûter.
Ne pas faire d’un aliment une récompense
Évitez tout « chantage » avec la nourriture. Par exemple, lui promettre une sucrerie s’il termine ses légumes. Il croira que le légume n’est pas bon. En revanche, une récompense peut être un objet ou une activité spéciale.
Le faire participer à la cuisine
N’hésitez pas à le faire participer à la cuisine. Trouvez-lui une tâche adaptée à son âge, le mélange de salade par exemple.
Lui apprendre les mots pour qu’il s’exprime sur ce qu’il mange
« Ça pique, c’est fort, ça brûle… » Autant de formules que vous pouvez lui proposer.
Prendre le repas en famille
En effet, il est essentiel que l’enfant ressente les plaisirs de la table en famille ; l’enfant qui ne mange pas avec ses parents risque de se sentir exclu. Il pourra aussi voir combien les adultes aiment les différents aliments, les différentes saveurs.
Être expressif devant l’enfant lorsque vous mangez
Montrez-lui que vous aimez ce que vous consommez. Dites-le à haute voix : « J’adore ces asperges »… L’enfant imite ses parents surtout lorsqu’ils sont convaincants.
Lui présenter des plats colorés
Il faut garder en tête que les enfants sont attirés par les couleurs ; variez-les quand vous lui confectionnez un plat. Une autre astuce consiste à utiliser des récipients colorés, rigolos avec des décors pour enfants.